lundi 16 novembre 2015

Vendredi 13

Vendredi 13 novembre 2015, j'ai passé ma journée au salon Fils Croisés en Béarn,  a Pau.  Je suis rentrée tard, fatiguée, mais en me disant que le lendemain je vous raconterai cette journée, ses trouvailles et ses belles rencontres. Je me suis couchée tôt et j'ai dormi comme une souche. Quelque part, j'ai gagné une nuit paisible de plus que beaucoup d'entre vous.

Le réveil, comme vous pouvez l'imaginer, comme vous l'avez peut-être vécu, fut rude. J'ai tourné en rond une bonne partie de la journée, j'étais choquée, triste, révoltée. J'ai écrit aussi, mais pas ici, ce blog c'est une part de moi que j'avais envie, je pense, de préserver de toutes ces horreurs.

Je n'avais envie de rien, je traînais de la radio à nInternet, des amis des réseaux sociaux aux proches, les vrais, les vivants, heureusement, ceux qu'on peut serrer sur son cœur, quelle chance, même s'ils sont loin et qu'on ne peut le faire qu'avec des mots, parce que, par un heureux hasard, ils ne nous ont pas été arrachés. Sans raison. Enfin sans raison qu'on puisse comprendre. La raison, les médias, analysent, décortiquent, expliquent, mais on ne peut pas comprendre parce qu'on n'a pas la haine au cœur. Alors on remplit soudain ce vide créé par la disparition insensée de ces inconnus, de ces humains qu'on n'a jamais vu, qu'on n'aurait peut-être jamais croisé ou qui auraient pu changer nos vies, on pense à des choses bêtes, qu'on n'a jamais compris Obi-wan Kenobi comme aujourd'hui


Que les 129 morts, les centaines de blessés, les milliers de témoins, les veufs, les orphelins, les parents qui ont perdu leur enfant et qui n'ont même pas un mot, un nom pour décrire leur situation, tellement c'est pas normal et ça ne devrait même pas exister, tous ces gens, et nous qui assistons impuissants, loin derrière nos écrans, mais proches dans la douleur, que nous tous de par le monde, nous rejoignons la grande famille de l'humanité blessée, ici, ailleurs, partout où le simple fait d'être au monde, de vivre, de rire, d'aimer, de ne pas adhérer aux principes mortifères d'une doctrine assassine, fait de nous des cibles à abattre pour quelques malheureux qui ont perdu la plus grande des qualités humaines : l'empathie.
(1 bon point si vous avez réussi à arriver au bout de cette phrase sans vous perdre. Même moi j'ai eu du mal, et pourtant ce sont les chemins tortueux qu'emprunte mon cerveaux)

J'ai donc pleuré, un peu, cogité, beaucoup, re-pleuré un coup, râlé, engueulé la radio parce que dedans il y avait des connards qui osaient dire des âneries plus grosses qu'eux, et que c'était que le début, embrassé virtuellement les messages de vie, d'amour, de courage, d'espoir.

Mais j'avais besoin de faire. Quelque chose, n'importe quoi. Mais je n'arrivais pas à reprendre quelque chose que j'avais déjà commencé, avant.

Alors j'ai pris le bel écheveau de mérinos teint au pastel que j'avais acheté la veille sur le stand de la petite maison du pastel, et j'ai juste fait une pelote, pour le plaisir de toucher la laine.


Et puis j'ai fait des photos, j'ai pensé aux belles rencontres, Nadine, Véronique, Florence, Françoise, ...

photo empruntée à Fils Croisés
J'ai admiré mes trésors


Et puis j'ai pris mes gros écheveaux de filé main fantaisie, ceux dont je ne sais pas vraiment quoi faire, j'ai pris mon plus gros crochet, acquis aussi vendredi (une autre jolie rencontre), et j'ai lié, noué, mélangé, attaché, à ma toute petite échelle, un peu de douceur et de beauté


Pour faire un gros doudou tout doux, une armure de chaleur contre la connerie humaine, oh trop humaine. Quand il sera sec, je me blottirai dedans, et je penserai à vous, à nous, aux fils qui nous relient, et qui sont tellement plus forts que les bricoles insignifiantes qui veulent nous séparer.
Enfin j'espère.


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