mercredi 29 avril 2015

Mille milliards de mille couleurs !

Hier et aujourd'hui, j'ai profité du soleil et de la cuisine pour moi toute seule pour faire des patouilles. J'ai teint de la laine. Petit reportage photo.



étape préliminaire: faire tremper la laine, jusqu'à ce qu'elle soit bien imbibée d'eau, et au bout de 20mn, 1/2 heure, la presser (sans frotter, sans tordre) pour éliminer le plus d'eau possible. La laine étant naturellement hydrophobe, une goutte de liquide vaisselle dans l'eau permet une absorption plus facile.




Avant
1ère méthode : la peinture sur laine, cuisson au micro-ondes (ruban peigné de laine de Gotland, naturellement grise)

Préparer du film plastique (là il y a 3 feuilles qui se chevauchent et elles sont bien plus longues et larges que le ruban de laine). J'ai dissous les teintures dans de l'eau additionnée d'un peu de vinaigre. Je ne mesure jamais rien quand je fais de la teinture. Il y a à peu près 1 cuillère à café de teinture (Ashford acid dyes, achetées chez Tricotin.com) pour 1/2L d'eau et 1 à 2 cuillères à café de vinaigre blanc. J'ai teint 200g de fibre avec un peu moins de la moitié de chacune des deux bouteille.


Je verse la teinture sur la laine (les bouchons "sport" des bouteilles d'eau sont bien pratiques) et avec la main gauche gantée, pour éviter d'avoir les doigts bleus, je presse pour la faire bien pénétrer dans la fibre. Je soulève un peu pour vérifier que la teinture pénètre bien toute l'épaisseur du ruban de fibre.



Je replie le film plastique et je roule le tout, et je place le rouleau dans un sac congélation. 



Destination : le micro-ondes. 3 sessions de 2 minutes chacune, avec quelques minutes de repos entre chaque cuisson.
Ensuite, il faut laisser refroidir et ne pas toucher tant que la laine est chaude, sinon elle risque de feutrer. La teinture continue d'être absorbée pendant que la laine refroidit. Je la met dehors, comme ça c'est plus facile d'attendre, loin des yeux ... Il ne reste plus qu'à la rincer, idéalement l'eau est claire au premier rinçage, l'acide et la chaleur ayant chimiquement lié la couleur à la laine. Si il y a beaucoup de couleur qui déteint au rinçage, il vaut mieux remettre un coup de vinaigre + cuisson.



Et voilà, le résultat est difficile à photographier, et le ruban, qui était déjà fort compact avant teinture, l'est encore plus. Je vais probablement essayer de le "carder" à la blending board, j'arriverais peut être mieux à le filer.
Avant

2ème méthode : au four. (toison d'agneau Gotland, lavée et écharpillée, naturellement grise)

Dans un plat réservé à la teinture, je dispose la laine, d'habitude je verse de la teinture liquide comme pour la première méthode, là j'ai mis la laine, ajouté de l'eau vinaigrée à niveau, et saupoudré les teintures en poudre directement sur la laine.

Je couvre le plat de papier alu, et 1h au four à 150-180°C. A mi-cuisson je soulève le papier alu et si besoin je presse doucement avec une cuillère en bois (réservée aussi pour la teinture) pour éviter que le dessus ne cuise trop.
Ensuite, refroidissage, rinçage, séchage, comme pour les autres méthodes.

3ème méthode : en immersion. (toison d'agneau Gotland, lavée et écharpillée naturellement grise)

J'ai acheté dans un vide-grenier un cuiseur électrique, especialement pour la teinture. J'y ai disposé la laine, à peine couverte d'eau vinaigrée, et saupoudré de teinture en poudre.

J'ai laissé mijoter une bonne heure, à une température suffisamment chaude pour embuer le couvercle mais sans atteindre l’ébullition (ça agite la laine et la fait feutrer).




Je suis très contente de cette toison. N'ayant pas de vrais cardes, je ne sais pas trop ce que je vais bien pouvoir en faire, peut être la mettre dans un vase et en faire un objet de déco ? Ou attendre d'investir dans une cardeuse ... (c'est quand le prochain super Loto ?)

J'ai profité d'avoir sorti tout le matériel pour sur-teindre une de mes premières laines teintes à la main. Il y a 2 ans, j'avais essayé de teindre un fil à chaussette (BFL-Ramie de chez Alysse) en violet et jaune, comme les pensées


Le résultat était ... cracra. Enfin, pas à mon gout, dirons nous.

Je l'ai laissé mijoter dans un bain de teinture bleue, et je l'aime déjà beaucoup mieux.

 Aujourd'hui j'ai travaillé à un dégradé, mais comme il s'est avéré que le revêtement à l'intérieur de mon cuiseur de vide-grenier ne supporte pas le vinaigre, et qu'il ne va donc plus pouvoir jouer à la teinture, ma méthode n'est pas tout à fait au point. Et j'ai ronchonchonné au lieu de prendre des photos. Mais j'aime quand même bien le résultat.




samedi 25 avril 2015

Je suis de la mauvaise herbe

Je suis d'la mauvaise herbe, braves gens, braves gens 
c'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbe.
Mon frère m'a envoyé cette image il y a peu
J'en ignore la source.

Ce que j'aime dans mes activités fibresques, c'est qu'elles s'inscrivent dans une tradition. Je tricote comme ma Maman m'a appris (ou presque), comme sa Maman lui avait appris. Quand je sors le fuseau, le rouet, le métier à tisser, je voyage dans le temps. J'utilise des techniques qui ont été élaborées au cours de centaines, de milliers d'années. Des générations de femmes et d'hommes ont appris de leurs aînés, et transmis à leurs enfants, des gestes, des règles.

Il y a donc des règles.

Oui mais !


Une expression qui revient souvent sur les forums anglophones, c'est "there is no knitting police". Il n'y a pas de police du tricot. Ni du filage, du tissage, du patchwork ou du scrapbooking. Personne ne va venir chez toi vérifier comment tu travailles ni te mettre en prison si tu n'as pas suivi les règles. Il y a une liberté extraordinaire dans nos chaussettes et nos cache-nez ! Il n'y a ni juge ni religion, personne n'a jamais tué pour protéger la réputation du point mousse. Certes, les gens péremptoires, ça existe toujours, mais j'essaye de ne pas en être.



Et comme je n'aime pas trop les perpendiculaires, mon dernier tissage  ...

AvantAprès

Rassurez vous, c'est juste un échantillon tout pourri pour tester le passage en machine. Et le brossage.
Résultat : oui au brossage, non au lave-linge. J'ai envie de garder les franges au naturel, et l'essorage fait des ravages sur les petits fils libres qui s’emmêlent et deviennent tout pouark.

Première étape au sortir du métier : couper les fils. C'est joli les rayures, mais ça fait plein plein de fils.




Ensuite, au bain, petit essorage dans une serviette de toilette, et pendant que le tissus est encore humide, brossage.


J'ai essayé avec la brosse pour chien, mais j'ai eu trop peur de tout arracher, j'ai donc brossé, fermement, avec la brosse à ongles, dans un sens puis dans l'autre (toujours dans le sens de la trame, de haut en bas puis de bas en haut). Le petit tas brun ce sont les fibres qui sont restées sur la brosse. J'aurais peut être pu insister plus, mais déjà la surface est différente, beaucoup plus douce. A droite le coté brossé, à gauche pas brossé.


Ma nouvelle écharpe sèche gentiment 






Elle mesure 2,20m avec les franges, les bordures sont encore pas top top, et elle est large de 33cm à une extrémité et 30cm à l'autre. Je pense que c'est en partie à cause de mes problèmes de tension de la trame, mais aussi parce que j'ai plus tassé au fur et à mesure que j'avançais dans le tissage.



Sinon, j'ai filé de la soie Tussah. Autant j'adore cette matière dans des mélanges, ou seule dans des fils du commerce, autant je n'ai pas du tout aimé la filer. Déjà, je n'aimais pas la couleur que j'avais teinte, et l'expérience du filage a été un combat constant entre la fibre et moi. J'ai gagné, mais de justesse.

Je vais retordre ce fil de soie avec du Polwarth de chez Dragonfly Fibers acquis au salon de Pau chez Laine Select. J'ai même fait un échantillon pour voir ce que ça donne ! Je veux associer le fil brillant de soie avec un fil plus fluffy, plus ... laineux.
Les mélanges HTC m'ont rendu un peu paresseuse, j'ai ronchonchonné quand il a fallu que je prépare la fibre avant de la filer. Oh si peu, mais c'est du teint à la main, donc je détend le ruban sur la largeur, je le sépare en deux, et je pré-draft à peine, je tire jusqu'à voir bouger les fibres, pas plus. Je n'aime pas filer une fibre pré-atténuée, j'ai l'impression d'avoir moins de contrôle. C'est la première fois que j'essaye du Polwarth, mouton australien issu d'un croisement de Mérinos et de Lincoln, c'est tout doux, c'est tout frisé, c'est un plaisir à filer.





Et vous savez quoi ? J'ai même le temps de tricoter. Un peu. Mon projet mystère n'avance pas vite. Et mon Fox Paw pas du tout. Honte à moi !






lundi 20 avril 2015

Tordue, tendue et déséquilibrée.

La dernière fois, j'étais ronchonchon. Mais j'ai écouté Alexis HK, et c'est passé


Mon deuxième projet de tissage avance doucettement.


J'ai quelques problèmes de tension sur les fils de trame, il va falloir que je révise mon système improvisé d'ourdissage. Par contre, j'ai trouvé un truc génial sur Ravelry pour ne pas faire de sur-épaisseur quand on rentre plein de fils à cause des rayures. Comme je tisse avec 2 fils ensemble, c'est d'autant plus facile. Au lieu de passer les 2 fils dans la foule suivante (c'est l'espace dans lequel on fait passer la navette), je la rouvre après le dernier passage dans la couleur qui se termine, je tire un des 2 fils à 2-3cm du bord, et l'autre, je le passe par dessus (ou dessous) le dernier fil de trame et dans la foule jusqu'à 1 ou 2 fil de trame après là où j'ai sorti le premier. En image c'est plus clair (peut être). En tout cas ça fonctionne bien.

@jeen
Comme je n'ai pas encore trouvé l'installation ergonomique pour tisser, je fais des pauses. Hier je me suis entraînée au corespinning. Il s'agit d'enrouler de la fibre autour d'une âme (core, qui signifie noyau en anglais), en l’occurrence un fil qui sera totalement recouvert par la fibre.

J'ai d'abord fais un essai avec quelques grammes d'aurore boréale provenant de ma boite à malice. Comme âme, j'ai utilisé la laine en cône qui m'avait donné tant de fil à retordre (ha ha) pour le tissage.

Tiens, je ne vous avais pas dit, mais plutôt que de mettre à la poubelle ma trame ratée de la dernière fois, j'en ai fais des cordelières. Faut pô gâcher ! Ça pourra servir, je ne sais pas encore à quoi, mais je trouverai.




Donc voila un premier corespun que j'ai retordu avec du fil à coudre.

L'aurore boréale est équilibrée par le fait d'avoir été
retordue dans le sens inverse de celui du filage.

La difficulté (ou l’intérêt, ça dépend de l'humeur) du corespun, c'est que l'on rajoute de la torsion à l'âme, qui est équilibrée au départ. Un fil équilibré, c'est un fil qui n'a ni trop ni pas assez de torsion, et qui ne se tortille pas sur lui-même quand il n'est pas sous tension. Un fil pas équilibré, je vous montrerai après. On peut parfaitement utiliser un fil qui n'est pas équilibré, mais si on veut faire du jersey, l’excès ou le manque de torsion du fil va faire partir les mailles en biais. Heureusement qu'il n'y a pas que le jersey dans la vie.

Parce que mon second corespun d'hier a beaucoup trop de twist (torsion). Vous voyez comme les brins se tortillent sur eux même ? J'ai réalisé cet écheveau sur mon niddy-noddy qui fait des boucles de 1m50. Sans tension les boucles mesurent 60cm.





C'est élastique et rigolo.













En tout cas, si je ne trouve pas quoi faire avec, tel quel, l'écheveau fait un joli petit tour de cou











Pour ce fil, j'ai essayé une nouvelle technique pour rajouter des zigouigouis tortillonnés (ou des coils, ou des coquillages, mais je préfère zigouigouis).
J'ai encore choisi ma laine en cône comme âme, et une des 2 nappes blanche et rose que j'avais mélangées le mois dernier. J'ai préparé avec du corriedale blanc (qui finalement est plutôt crème) des petits cigares de fibre pour les zigouigouis.




Et j'ai fait comme la dame dans la vidéo. Enfin, j'ai essayé, avec plus ou moins de bonheur.



Je trouve qu'au final, c'est plutôt une réussite. Hier soir, je n'arrivais pas à poser l'écheveau.























Sinon, à mes moments perdus, je filotte doucement un échantillon de mélange polwarth et soie teint l'été dernier sur mon nouveau fuseau turc Majacraft.

Ou plutôt 3 fuseaux en un, puisque sur le même axe on peut ajuster 3 jeux de branches pour 3 poids différents (15, 20 et 30 grammes). Pour le moment, je n'ai testé que le 20g, il est très équilibré (lui), il tourne super bien.
Le seul bémol, c'est le crochet. A première vue comme ça, on pourrait se dire que c'est plus facile avec un crochet, et bien on se tromperait. Peut être que pour débuter, ça rassure, mais je trouve bien plus fluide de faire un nœud comme sur mes fuseaux turcs bidouillés que de passer le fil dans le crochet.
Peut être, plus tard, ôterai-je cet importun. Ou pas.