mardi 2 février 2016

des chiffres ... et des lettres

Cela ne vous aura pas échappé, si vous me lisez régulièrement, j'aime les mots. Les grands mots, les jolis mots, les mots rares et précieux, les mots bêtes ou enfantins, j'aime tous les mots. Et je prend autant de plaisir à les lire, les écrire, les entendre. Je me faisais encore cette réflexion, samedi dernier, en entendant dans l’excellente émission de Philippe Meyer sur France Inter un sketch de Pierre Desproges. C'est beau, les mots.

Mais comme on me l'a fait remarquer à plusieurs reprises récemment, pour tricoter des châles en dentelle, il faut compter. J'aime bien compter aussi, d'ailleurs je compte mes mailles, même quand cela n'est pas nécessaire. Je trouve ça très zen, c'est mon yoga à moi. Mais quand même, cette remarque, "il faut compter", cet à priori négatif sur la difficulté supposément insurmontable de la dentelle au tricot, me donnent fortement envie de démystifier la chose. Quand je me suis (re)mise au tricot en 2011, j'ai assez rapidement tenté des tricots en dentelle. Parce que, pour paraphraser je ne sais plus qui, je ne savais pas que c'était difficile, alors je l'ai fait.

Voici donc le premier volume de ce qui sera, j'espère, une série qui va vous donner envie de tricoter de la dentelle.

Mes astuces pour la dentelle au tricot

ou comment transformer ça

en ça





Episode I: Le matériel qui va bien


1. les aiguilles:
Je suis devenue une inconditionnelle des aiguilles circulaires. Je les utilise pour tout, le tricot en rond comme le tricot à plat. J'en ai de toutes les tailles (ou presque, je crois que je n'ai pas de 2,75mm), de toutes les couleurs, en bois, en métal, en plastique, en bambou, fixes ou interchangeables. Ma collection s'est construite progressivement, avec l'expérience, j'ai trouvé ce qui me plaît ou déplaît en chacune.


Pour tricoter un châle en dentelle, elles me semblent presque indispensables. Bien sur, on peut utiliser des aiguilles droites, mais quand on finit l'ouvrage avec plus de 300 mailles, c'est plus compliqué, ça tire sur les poignets, bref, les circulaires, c'est mieux.


Comme on peut le voir sur l'image ci-dessus, les mailles glissent sur le câble qui joint les 2 aiguilles, et non elles ne se déforment pas. Le poids du tricot est donc sur les genoux, les mailles ne sont pas toutes serrées, moins de risque qu'elles s’échappent au bout de l'aiguille, où qu'on en tricote 2 ensemble sans faire exprès.
Dans ce cas particulier, comme j'utilise un fil fin et un peu glissant (Drops Lace, alpaga et soie), j'ai choisi des aiguilles en bambou, dont la texture retient les mailles et les empêche de glisser plus vite que je ne le voudrais.

2. les anneaux marqueurs
Un des principes de la dentelle, c'est qu'on va répéter plusieurs fois un motif, un ensemble de 6, 8, 12 mailles qui se répètent sur la largeur du tricot.
Pour éviter de se tromper, il est utile de visualiser à quel moment on débute une répétition du motif. Pour cela, il y a un truc hypeeeeeeer pratique: les anneaux marqueurs


L'anneau marqueur se glisse sur l'aiguille à l'endroit où on doit se rappeler de faire quelque chose de particulier. Des augmentations ou des diminutions, un motif particulier, le début d'une torsade, ce qu'on veut en fait. L'anneau marqueur permet donc, dans une certaine mesure, d'éviter de compter. On n'a pas besoin de compter le nombre de mailles avant d'arriver à l'endroit où on commence à compter. Bon, il va toujours falloir compter à un moment ou à un autre, mais si on n'aime pas trop compter, il n'y a pas de petite économie.
Pour la dentelle, il permet de savoir à quel endroit on doit commencer une répétition. Quand on arrive à l'anneau, on le fait simplement glisser de l'aiguille gauche à l'aiguille droite, surtout on n'essaye pas de le tricoter, l'objectif n'est pas de l'incorporer au tricot, c'est simplement un pense-bête.

Il en existe de plusieurs sortes:

des anneaux avec un truc qui pendouille


ce sont les plus décoratifs, mais pas forcément mes préférés. Il faut faire attention à où se trouve la partie qui pendouille pour qu'elle ne se prenne pas dans le tricot, du coup je les trouve moins faciles à manier.

des qui s'ouvrent (petits fermoirs de récup', épingles à nourrice, ...)

ceux là sont pratiques pour plein de choses: on peut les placer dans une maille, et les enlever ensuite. On peut les placer à un autre endroit que celui où on en est dans le tricot (par exemple, si on a repéré une erreur, pour marquer jusqu'où il faut détricoter). On peut les utiliser quand on se rend compte qu'on a perdu une maille, on l'accroche dans la maille perdue, pour qu'elle ne se détricote pas plus bas, en attendant d'arriver à l'endroit ou on va pouvoir la rattraper.

des tout simples


c'est ceux-là mes chouchous, j'en ai d'ailleurs acquis récemment des nouveaux qui me plaisent beaucoup. Ils sont jolis et faciles à utiliser. Ils existent en plusieurs tailles, plusieurs matières, ils glissent tout seuls.

des improvisés

Pour quand on n'a rien d'autre sous la main, ou qu'on utilise de très grosses aiguilles, un bout de fil (si possible d'une couleur bien différente de celle qu'on tricote), un nœud, et hop voilà. Ça peut être n'importe quoi qui puisse se glisser sur l'aiguille. un anneau de fil de fer (en faisant attention que ça n'accroche pas les mailles), une paille (pour boire) coupée en tronçons, un de ces mini élastiques dont les petites filles raffolaient il y peu, ...


L'avantage des anneaux marqueurs, c'est qu'il suffit de compter jusqu'à 8, ou 12, ou n'importe quel nombre de mailles dans la répétition. Je tricote mes 12 mailles de motif, je glisse l'anneau suivant, et je recommence à compter jusqu'à 12, etc ... Ils permettent donc de limiter le comptage. Pas besoin de compter jusqu'à 480, il suffit de compter jusqu'à 12 (40 fois).
A mes débuts, je plaçais un anneau marqueur à chaque répétition, au bout d'un moment ça fait beaucoup d'anneaux, ça ralentit le tricot car il faut les glisser à chaque fois. Maintenant, je place un anneau au début de la première répétition, à la fin de la dernière, et j'encadre la répétition du milieu (elles sont généralement par nombres impairs mais si il y en a un nombre pair, il suffit d'encadrer les 2 répétitions du milieu), ça me permet de détecter d'éventuelles erreurs avant d'arriver à la fin du rang. 


D'autres accessoire peuvent être utiles, selon le modèle, selon les envies, un compte rang, un mini-crochet pour rajouter des perles, un papier-crayon pour prendre des notes, mais les aiguilles qui vont bien et les anneaux marqueurs me semblent les seuls vraiment indispensables.

Voilà pour aujourd'hui, une autre fois je vous parlerai des diagrammes, d'apprendre à lire son tricot, de comment réparer ses erreurs, de bloquer la dentelle, et d'autres choses peut-être si j'y pense.