vendredi 25 novembre 2016

Les signes du temps qui passe

Il y a quelques jours, je réfléchissais à un truc, si si, ça m'arrive, et pendant ce temps là je regardais les chaussettes que j'avais aux pieds. Parce que oui, je peux faire plusieurs choses en même temps, mais ça dépends quoi, je peux tricoter et écouter, tricoter  et parler (même si quand on me pose une question pendant que je compte mes mailles je vais répondre "36, 37, 38, 39" ... ), mais je ne peux pas tricoter, compter les mailles, et chanter, par exemple.

Enfin bref, je regardais ça en pensant à autre chose:



mes premières chaussettes tricotées main, il y a presque 5 ans. Un peu feutrées, les couleurs un peu passées, reprisées, pelucheuses. Bref, des chaussettes qui ont 5 ans. Qui ont été portées pendant 5 ans. Qui ont vécu leur vie de chaussettes. Et qui ont encore de belles années de réchauffage de pieds devant elles. Et du coup je pensais aux signes du temps qui passe. Tels qu'ils se manifestent dans nos tricots.

 



des gilets et des châles que j'ai portés, que j'ai usés, parce que je les ai aimés, et que je les aime encore.



Même mon Lil shepperd tout neuf commence à pelucher.

Et vous savez quoi ? ces signes du temps qui passe, ces témoignage d'une histoire partagée, je les aime. Évidemment, un tricot tout neuf, c'est beau, c'est net, c'est aussi parfait qu'une réalisation humaine peut l'être, mais ça n'a pas d'histoire. Un tricot nouveau né c'est touchant parce que c'est du potentiel, ça va dans le futur nous réchauffer, nous accompagner dans des moments heureux ou nous réconforter dans des moments tristes. Même si il a déjà une histoire pré-natale, des émotions dans chaque maille, des accidents de parcours, il était encore attaché à nous par le cordon ombilical des aiguilles, incapable de survivre seul dans le vaste monde. Quand la dernière maille est rabattue, une fois qu'on les a lavés et bloqués, nos tricots sont prêts à vivre leur vie. Et comme nous, en vivant ils s'usent. Et c'est beau.



A part ça, Noël c'est dans 1 mois (hein ? quoi ? comment c'est pas possible ?), et comme le passé c'est chouette, mais que le temps passe et que le futur m'appelle, je vous laisse, il faut que je panique un peu devant mes listes ...




mercredi 9 novembre 2016

Y'a des jours comme ça

Y'a des jours comme ça, riches en émotions fortes. Ce matin, c'était pas la joie, mais ce soir, j'avoue, malgré les infos, malgré les analystes et les "spécialistes", malgré les Cassandres et les alarmistes, malgré tous ceux qui se payent de mots mais ne proposent toujours pas de nouvelle solution, ce soir, malgré tout ça, j'ai la banane.




Mais pourquoi donc me demanderez vous ? Parce que SWAP ! non non, je vous rassure, j'ai pas perdu la boule, j'ai pas picolé pour oublier, j'ai participé à un swap (c'est à dire un échange en bon français) organisé sur le groupe Tricot & Co sur Ravelry (je vous en avais déjà un peu parlé ).

Et aujourd'hui, non seulement j'ai reçu mon cadeau, mais celui que j'avais envoyé est également arrivé. Double dose de bonheur.

D'abord, j'ai reçu le, ou plutôt les magnifiques cadeaux de Delphine, qui est trop trop forte, parce qu'elle file, elle teint la laine, elle tricote, elle coud, elle brode, elle fait des bijoux (que vous pouvez trouver ici), elle peint, elle cuisine, et elle a employé ses multiples talents rien que pour me faire plaisir

Le suspens à l'ouverture du colis

Tout ça pour moi ??

Je ne vous dévoilerai pas tout, ça reste entre elle
et moi, mais elle m'a tenu un journal de son
aventure, et c'est tout simplement génial

je suis sans voix devant tant de talent

même l'emballage est soigné

Les petits moutons tellement qu'ils sont mignons
que j'ai mourru !



Les mitaines Hermione Hearts Ron fingerless gloves en
Délicates (Alpaga et soie, rien que ça !)

Le châle Sparkling Rain réalisé de main de maitre
avec une laine qu'elle a filé et teinte
rien que pour moi






le sac qu'elle m'a cousu avec des tissus magnifiques
et une broderie au point compté


on dirait qu'elle m'a bien cernée ...

j'en ai des étoiles plein les yeux !
Je n'ai pas fait de gros plan des macarons d'Amiens faits maison (et maintenant y'en a plus, mais bon, j'ai partagé hein) ni du tilleul cueilli par ses blanches mains, mais Delphine a vraiment vraiment réussi son pari, elle m'a fait très plaisir. Je suis émue et touchée par toutes ces attentions, par tout ce temps qu'elle a passé à chercher et fabriquer ces beautés qui me réchauffent autant le cœur que le cou.


De mon coté, je me suis aussi  creusé les méninges pour essayer de faire plaisir à Wazaka, et je crois que j'ai réussi (c'est elle qui me l'a dit, hein, je ne me permettrais pas de présumer de sa réaction)



Bon, je n'ai pas eu à faire d'effort surhumain, elle et moi avons des gouts assez similaires, donc j'ai trouvé assez rapidement ce que je voulais lui tricoter: le châle Tarrant de la fabuleuse Christelle, qui est également la créatrice du châle que j'ai reçu, c'est rigolo non ? J'ai adoré tricoter ce modèle, il est plus simple qu'il n'y parait, mais il fait beaucoup d'effet. Bon, je n'irai pas jusqu'à dire que le rabattage de trouze-mille mailles à l'aiguille à coudre est ma technique préférée, mais il faut ce qu'il faut. Comme toujours les explications de Christelle sont parfaites, claires et complètes et illustrées.
Tout cafouillage au départ était donc entièrement de ma faute parce que j'avais pas bien tout lu les explications.









Ma swappée aime le bleu et le gris, ça tombe bien, moi aussi, j'ai donc trouvé dans mon stock une Plucky Primo fingering grise toute douce pour le tour du cou, et un fil 100% mérinos teint par mes soins pour le pep's et la brioche. Et une petite fleur au crochet avec un reste de la laine bleue a été fixé sur une épingle à nourrice pour compléter l'ensemble.

Avec ça je lui ai envoyé une spécialité régionale (un pastis landais), un bon thé glané lors de ma visite à Toulouse, une petite carte fleurie pour rappeler les beaux jours, un petit magnet-puzzle pour son frigo et un calendrier avec des moutons rigolos ramenés de mon voyage en Irlande.




Un petit oiseau m'a dit que ma surprise était réussie, je suis ravie.

Voila pourquoi je suis bien contente ce soir, j'ai eu autant de plaisir à offrir qu'à recevoir, je vais continuer à faire des oh et des ah devant les colis des copines, et ensemble on va profiter de cette bulle de bienveillance et de partage. Parce que dehors il fait froid, il fait sombre, et qu'on a bien besoin de se rapprocher pour pouvoir mieux affronter la réalité.



Don't stop thinking about tomorrow

Je ne m'en cache pas, je suis une indécrottable optimiste. J'ai une foi inébranlable en l'humanité. Capable du meilleur, comme du pire. Mais il y a des jours comme ça, où la balance penche un peu plus vers le pire.

Bon ben voila, le nouveau président des États-Unis est élu. Un personnage qui représente tant de haines. Tant de mépris. Et au delà des craintes et de l'émotion du moment, je me demande, et après ?


Parce que ça c'est fait, c'est plié, comme disent les z'anglosaxons, it's no use crying over spilled milk (littéralement ça ne sert à rien de pleurer sur le lait renversé). Mais là j'ai l'impression de tourner en boucle depuis presque 2 ans, parce que je me retrouve encore avec la même question: qu'est-ce que je peux faire, toute petite moi, pour que nos prochaines élections de chez nous ne se terminent pas de la même façon ? Pour que notre vie de tous les jours ne soit pas gouvernée par la peur, la haine, le rejet ?

On vit dans un monde hyper-connecté, on parle à des amis aux quatre coins du monde, et pourtant, on n'a jamais été aussi peu confrontés aux autres. Les algorithmes qui gouvernent notre internet nous "guident" gentiment vers du contenu conforme avec ce qu'ils analysent comme étant nos opinions, nos gouts. Moi même je suis coupable, j'ai déjà supprimé des amis connaissances de mes contacts  sur Facebook parce qu'ils exprimaient des opinions que je trouvais nauséabondes. Du coup, on reste entre soi, on échange entre personnes qui ont le même point de vue sur le monde. Et on tombe des nues quand un Brexit ou un Trump nous tombe sur le coin du nez.

Alors cette chanson, je l'ai dans la tête depuis ce matin. Parce que je ne veux pas oublier hier, surtout pas, mais je veux penser à demain. Et pour construire demain il faut se souvenir du passé. Mais aussi penser au monde dans lequel on vit là maintenant, un monde où on interagit avec des "like", où on pense qu'on a une opinion parce qu'on a une souris, où on vote comme on clique.

Alors quoi ? Je ne sais toujours pas, en attendant je vais continuer à faire du fil, à tisser des liens, à vous parler de toutes les couleurs qui font notre richesse, de toutes les cultures qui sont notre lumière, de tous les z'humains trop humains qui vivent et qui souffrent et qui rient et qui donnent et qui chantent et qui pleurent.

Une personne très sage m'a dit récemment que la colère, c'est une émotion qui n'existe que chez les enfants, quand on est adulte, ce qu'on identifie comme de la colère c'est soit de la tristesse soit de la peur. Ce matin, je suis triste et j'ai peur. Et en plus il pleut. Mais je suis une indécrottable optimiste. J'ai une foi inébranlable en l'humanité




mardi 8 novembre 2016

Tout ça pour ça

En ce moment, je suis la reine des idées fixes. Ça me prends de temps en temps, je passe de l'une à l'autre, mais je ne peux en lâcher aucune avant d'avoir obtenu le résultat escompté (ou établi avec certitude que le résultat qui existe dans ma tête est impossible à obtenir)

Donc dernièrement j'ai voulu teindre un dégradé. Un tout petit dégradé, sur une mini pelote de 20 grammes. C'est tout petit, me suis-je dit, donc ça ne devrait pas être compliqué de faire des mini écheveaux. En effet, la réalisation des mini écheveaux sur le niddy-noddy a été relativement rapide, là où c'était moins aisé c'était de ne pas les entortiller avant même de les avoir mis à tremper. J'ai passé un fil (marron, pour ne pas le confondre) dans chaque mini écheveau pour pouvoir les attraper sans les emmêler.


Ensuite, j'ai préparé mon dégradé dans des petits pots, tiré un peu sur le fil qui passe d'un pot à l'autre, pour qu'il trempe un peu dans un pot, puis dans l'autre, pour qu'il ne reste pas blanc.


J'ai couvert tout ça de film plastique et pouf au micro-ondes, 2 fois 2 minutes (c'est ce que je fais pour des écheveau de 100g, je pense que moins de temps ça aurait pu marcher aussi)

J'ai laissé tout ce petit monde refroidir un peu (ça va plus vite quand il fait froid dehors) et ... comme d'habitude, j'ai été trop pressée. En gros, il m'a fallu autant de temps pour démêler ça que pour toutes les étapes précédentes.


En plus, le résultat n'était pas très concluant, mon dégradé trop subtil, je n'avais pas rajouté assez de rouge à ma base jaune, du coup, je me suis dit qu'il fallait recommencer, mais avec une autre méthode. L'idéal pour les dégradés, c'est les "sock blanks", une pièce tricotée, en général à la machine, sur laquelle on peut peindre le dégradé. Mais je n'ai pas de machine à tricoter, moi !


Comme je n'avais que 20g de laine fingering à teindre, j'ai tricoté le blank à la main, avec des aiguilles 6mm et la laine en triple épaisseur (vidéo en anglais mais c'est pas hyper compliqué, il s'agit de faire une espèce de grande chainette de crochet pour avoir toujours 3 fils en même temps, c'est le même principe que le retors navajo en filage). J'ai monté 10 mailles et j'ai tricoté en jersey en faisant les rangs envers sans tourner l'ouvrage (vidéo ici), ça m'a pris 10 minutes.

Ensuite, j'ai choisi de plonger ma bande de tricot dans la teinture rouge (additionnée de sel pour essayer de ralentir l'accrochage de la teinture à la fibre) en laissant dépasser la partie que je voulais garder jaune, puis j'ai sorti rapidement le morceau que je voulais orange clair, rajouté un peu de rouge dans le petit pot, et recommencé 2 ou 3 fois la manœuvre.


Et voilà, ça c'est un dégradé !



Et une fois que c'est sec, détricoté et bobiné, ça donne ça


Allez, c'est parti pour la suite du tricotage méga top secret ...